MALI : «Notre école continue à se dégrader, à se désagréger et à s’enfoncer chaque jour un peu plus dans l’abîme.»
C’est le jugement qu’a porté le président de l’Assemblée nationale sur la situation scolaire et il a indiqué par ailleurs que l’insécurité grandissante dans le pays prive la population de sommeil. C'était à l'ouverture de la session ordinaire, le 5 avril dernier. Dioncounda Traoré, en présence du chef du gouvernement Modibo Sidibé, des membres du corps diplomatique et de nombreuses personnalités politiques du pays, a indiqué que la représentation nationale a aussi le devoir de porter, à tout moment, un jugement éclairé et objectif sur la situation du pays et la gestion du pays. Il a, à cet effet, salué les réalisations des infrastructures de désenclavement, les aménagements hydro agricoles dont la pose de la première pierre du barrage de Taoussa.
Pour ses constats sombres de la situation sociale du pays, Dioncounda Traoré s’est insurgé contre la situation de l’école malienne qui, selon lui, demeure une préoccupation majeure de la population et constitue aujourd’hui un véritable défi pour les différents acteurs de l’école.
A son avis, notre école continue à se dégrader et à s’enfoncer davantage dans l’abîme. «Il est loin ce temps où le produit de l’école malienne était recherché et respecté. Une époque où il suffisait à nos bacheliers de décliner leur nationalité malienne pour que les portes étrangères s’ouvrent ! Aujourd’hui même dans la sous région, les bacheliers maliens sont soumis à des tests de niveau», a regretté le président de l’Assemblée. L’institution parlementaire, a déclaré Dioncounda Traoré, avait souligné la nécessité de traduire en plans d’actions opérationnels les différentes recommandations du forum sur l’éducation, et ce, dans le cadre d’un moratoire de deux ans minimum.
«Mais le constat est loin d’être rassurant pour l’avenir», a-t-il conclu.
Au-delà de l’école, l’insécurité grandissante du pays a attiré l’attention du président de l’Assemblée nationale. Pour lui, l’insécurité urbaine a atteint un seuil alarmant, le citoyen se sent désemparé, incapable parfois de mener ses activités ordinaires et, pire, la cote d’alerte de l’insécurité routière semble dépassée. «La délinquance et le grand banditisme prennent de plus en plus la forme d’une criminalité professionnelle, avec des vols qualifiés, des braquages sur les grands axes routiers et autres actes de viols et d’assassinats», a recensé le président de l’Assemblée. Avec insistance, il a exhorté le gouvernement à utiliser efficacement les moyens pour informer, pour éduquer et, le cas échéant, pour sévir contre ces modes d’incivisme.
Trente trois projets et propositions de loi dont treize renvoyés par la précédente session et la loi sur le code des personnes et de la famille ont figuré dans l’agenda de cette session. Le président de l’Assemblée nationale a assuré que l’institution mènera sa mission législative dans le seul intérêt du peuple malien.
Seydou Coulibaly/Le Républicain