Quatre chefs d'état africains à la Maison Blanche

Publié le par La Rédaction

4-chefs-etat-africains.pngC’est ce 29 juillet 2011 que le chef de l’Exécutif américain, Barack Hussein Obama, reçoit, à la Maison-Blanche, quatre chefs d’Etat de l’Afrique noire francophone. Le Béninois Thomas Boni Yayi, le Guinéen Alpha Condé, le Nigérien Mahamoudou Issoufou et l’Ivoirien Alassane Dramane Ouattara devraient ainsi soigner quelque peu, au sortir de cette audience, l’image «démocratique» de leurs pays, d’autant que depuis son installation à la présidence des Etats-Unis, Barack Obama a toujours plaidé pour la construction, en Afrique, d’institutions démocratiques fortes.

Le quatuor de chefs d’Etat invités par le président américain reflète, tout bien pensé, une certaine réalité, mais surtout une certaine idée de la gouvernance politique. Choisis avec minutie, les pays représentés à ce conclave qui fait déjà couler encre et salive, font partie du cercle de ce que l’on appelle les démocraties émergentes. Pour ceux qui applaudissent cette sélection, portée à la fois par l’estime et par un certain indice de bonne mesure démocratique, ces pays auront réussi tant bien que mal, sur des registres différents et avec des fortunes et infortunes diverses, à s’en tenir à la norme institutionnelle qui fonde leurs Républiques. En parallèle, Barack Obama tient bien à montrer ainsi qu’il reste sur la même symphonie qu’en 2008, lorsqu’il a affirmé à Accra, capitale du Ghana, que… «l’Afrique n’a pas besoin d’homme forts, mais des institutions fortes».

Il aura certainement fallu que les institutions de ces différents pays soient véritablement fortes, toutes proportions gardées, pour que Mahamoudou Issoufou, Alpha Condé et Alassane Dramane Ouattara entrent enfin, récemment, dans le cercle des chefs d’Etat d’Afrique. On observera d’ailleurs au passage que ces trois nouveaux élus sont tous des vétérans de la politique africaine, «opposants historiques» à leur heure aux régimes de leurs pays, qui ont décroché le graal, à l’exception notable du Nigérien Mahamoudou Issoufou, après bien des remous sociaux et des turpitudes militaires. En effet, à l’opposé de ce dernier dont l’élection à la tête du pays n’a pas été contestée, alors qu’il bénéficiait d’un contexte favorable suite à la transition militaire qui a mis, on se rappelle, un terme à la dérive «tazartchéiste» (continuité) de Mamadou Tandja, ses pairs de la Guinée et de la Côte d’Ivoire n’ont accédé au fauteuil présidentiel qu’après bataille rangée ici, pilonnage à la roquettes ailleurs, avec à la clé de nombreux morts de part et d’autre.  

N’empêche! Ces trois nouveaux promus bénéficient déjà de la prime à la démocratie version Obama, qui les reçoit à la Maison-Blanche seulement quelques mois après leur accession au pouvoir. Une manière comme une autre d’affirmer fortement que la norme démocratique doit véritablement entrer dans les mœurs sur le continent, et que là où cela tangue, force doit rester aux institutions qui, elles, ont l’obligation de s’amender pour transcender leurs intérêts personnels et politiques immédiats. 

Certes, il n’en a pas toujours été ainsi et on peut avoir encore des tas de choses à dire sur les scenarii démocratiques de ces pays, portés aujourd’hui par l’étendard de l’exemplarité. Il suffit de ne pas oublier qu’en Guinée et au Niger, la «belle» expérience démocratique naissante a déjà failli succomber sous les coups de boutoirs de la «bête» du recommencement et de la remise en cause militaire, pour se rendre à l’évidence que ces processus restent fragiles. Cet état de fait doit donc, plutôt, renforcer la veille démocratique, afin de ne plus prêter le flanc à la dictature de la kalachnikov.

C’est aussi pourquoi il faut saluer la présence du président du Bénin dans cette aventure démocratique, que l’on espère belle et ouverte. Même s’il ne fait pas partie du cercle des nouveaux élus, Thomas Boni Yayi a certainement incarné, en 2006, lors de sa première élection à la magistrature du Bénin, une excellente carte d’une alternance apaisée, dans un pays qui est entré dans le renouveau démocratique avec beaucoup de lauriers. Le second mandat qu’il entame à la tête du pays avec plusieurs équations difficiles, devrait cependant lui permettre de raffermir l’image du pays et le laisser en bon ordre démocratique dans cinq ans. Pour cela, oui, Barack Obama a raison, il faut, aussi bien au Bénin qu’ailleurs, des institutions fortes, mais aussi une gouvernance apaisée et une sacro-sainte culture des «démocratiquement correct».  

C’est aussi en cela qu’au-delà de son agenda officiel –«soutien aux démocraties émergentes, mise en avant des partenariats des Etats-Unis avec ces pays et construction d’institutions démocratiques fortes, de développement économique et discussion autour d’une série de questions régionales- la rencontre entre Barack Obama et quatre chefs d’Etat africains, ce vendredi 29 juillet, fera date dans le devenir des démocraties africaines en construction.

 

 

Fasozine

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<br /> je suis Africain et fier de l' être mais je deteste les africains qui souffre d' insuffisance analytique évident et qui enduise en erreur le plus grand nombre avec leur petite posture de petit<br /> prétencieux défenseur de l' intérrêt général.<br /> <br /> <br />
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