Mali : Bamako, capitale financière des états à faible revenu
L’Association internationale pour le développement est la principale source d’aide multilatérale au développement de l’Afrique
L’exercice de plaidoyer en faveur de la reconstitution des ressources de l’Association internationale de développement (IDA) dans un contexte de crise économique mondial n’est pas facile. Mais les partenaires ne perdent pas de vue le fait que l’appui des pays riches aux Etats le moins développés est essentiel dans le contexte actuel.
C’est l’analyse qui ressort des différentes interventions qui ont marqué la cérémonie officielle d’ouverture de la réunion de la 16ème reconstitution des ressources de l’Association qui s’est ouverte hier dans l’après-midi dans notre capitale.
La cérémonie qui s’est déroulée au Centre international des conférences était présidée par le chef de l’Etat, Amadou Toumani Touré en présence de ses homologues du Sénégal, Me Abdoulaye Wade, du Libéria Mme Ellen Johnson Sirleaf, de la directrice générale de la Banque mondiale, Mme Ngosi Iweala, des chefs d’institutions de la République et de nombreuses autres personnalités. L’événement a d’abord été marqué par la projection d’un film sur les réalisations de la Banque mondiale au Mali. Ensuite, au nom des plus hautes autorités de notre pays, le ministre de l’Economie et des Finances, gouverneur de la Banque pour le Mali, Sanoussi Touré, a remercié l’institution financière internationale, pour avoir fait de Bamako, ces jours ci, la capitale financière des Etats à faible revenu.
Notamment ceux d’Afrique qui sont les grands bénéficiaires des ressources de l’IDA. En effet, l’Association internationale pour le développement est la principale source d’aide multilatérale au développement de l’Afrique, tant par son capital d’expertise et de conseils que par sa capacité de mobilisation de ressources financières. Le ministre a expliqué qu’au plan économique et social, les similitudes entre les pays d’Afrique sont nombreuses. Ces Etats partagent en commun un faible niveau d’industrialisation, une monoculture d’exportation et un très faible niveau d’intermédiation financière. Le taux de prévalence de la pauvreté dans notre pays est de 43,7%, celui de la mortalité infantile de 96 décès pour 1000 naissances. Le taux brut de scolarisation est estimé à 82% en 2009 dont 73% pour les filles. Quant à l’espérance de vie, elle est de 59,8%. Si ces indicateurs ont enregistré quelques améliorations ces dernières années, l’atteinte de Objectifs de développement pour le millénaire dans les délais reste problématique. Une situation que confirment les récentes données de la Banque mondiale sur l’Afrique subsaharienne. L’Afrique est donc fondée de demander aux donateurs de faire plus que par le passé. Le ministre de l’Economie et des Finances a également fait remarquer que les interventions de l’IDA au Mali vont toujours croissantes et qu’elles couvrent tous les secteurs clés du développement économique et social. L’Association a ainsi investi 2,5 milliards de dollars (environ 1250 milliards Fcfa) dans l’économie nationale. Les attentes des pays africains à ce forum de Bamako consistent à obtenir entre autres, un taux d’augmentation de ressources au moins égal à celui de l’IDA 15, à savoir 31%, le maintien à au moins 50% de la part de l’Afrique subsaharienne dans l’enveloppe de ressources, l’augmentation des ressources dédiées au financement de l’intégration régionale et l’assouplissement de leurs conditions de mobilisation, la validation de la proposition de création d’un mécanisme permanent de financement de la réponse de l’IDA aux crises. Sanoussi Touré a souhaité en perspective, un soutien accru aux secteurs stratégiques en l’Afrique que sont l’énergie, le transport et les télécommunications. La directrice générale de la Banque mondiale s’est réjouie de son côté des efforts consentis par certains pays africains dont le nôtre dans les domaines de l’agriculture, de la santé, de l’éducation etc... L’institution qu’elle représente a, non seulement un caractère motivateur, mais joue aussi un rôle de plateforme commune dans la mobilisation de fonds. Pour Mme Ngosi Iweala, la reconstitution des ressources de l’IDA offre l’opportunité pour soutenir les efforts des pays pauvres dans leurs objectifs d’atteindre les Objectifs du millénaire pour le développement. La présidente libérienne, Mme Ellen Johnson Sirleaf a souligné les efforts fait par le Mali, avant d’exhorter les pays donateurs à accroître l’enveloppe financière en faveur des plus pauvres. Quant au président Abdoulaye Wade, il a salué la Banque mondiale pour son soutien aux pays africains et pour les changements positifs initiés en faveur de notre continent. Il a, à son tour mis l’accent sur les efforts du Libéria et plaidé en faveur de l’aide à la Guinée Bissau, un pays en conflit et qui mérite d’être aidé. Il a surtout exhorté la Banque à s’investir dans la réalisation d’infrastructures routières de qualité et non « de routes d’occasion », tout en prônant le renforcement du partenariat entre l’Afrique et l’institution financière. Le président de la République, Amadou Toumani Touré, a au nom du peuple malien et de l’ensemble de nos institutions exprimé toute la reconnaissance du pays à la Banque pour le choix porté sur Bamako en vue d’abriter cette réunion de la 16ème reconstitution de l’IDA. Commentant l’impact positif des projets et programmes financés par la Banque mondiale au Mali, il a fait remarquer que l’institution a pu apprécier nos résultats au cours de la visite de terrain effectuée hier (voir ci contre les articles de Moriba Coulibaly et de Ogobara Dolo). Au Mali, a souligné le président Touré, l’appui de la Banque couvre plusieurs domaines. De l’agriculture à l’environnement en passant par l’éducation, la santé, les infrastructures, la décentralisation. Il a révélé que les engagements de l’IDA et de la BIRD en faveur des transports en Afrique s’élevaient à 1,1 milliard de dollars (environ 5,5 milliards Fcfa) pour l’exercice fiscal 2009. Le chef de l’Etat a aussi attiré l’attention sur l’importance des projets et programmes visant la promotion des énergies renouvelables, la lutte contre l’avancée du désert et d’autres activités menant vers la formation de "l’Ecocitoyen". C’est à dire un citoyen qui intègre dans ses habitudes la préservation de l’environnement. Amadou Toumani Touré a également souligné l’importance de l’irrigation contrôlée pour l’Afrique et surtout pour les pays du Sahel.
Fatim Maïg/L'Essor (Mali)