Le camp présidentiel va-t-il éjecter Guillaume Soro ? (Afriscoop 06/04/2010)

Publié le par Oussouf DIAGOLA

 

Soro-Guillaume.jpgDésarmement ou dehors ! C’est à cette menace que ressemble de plus en plus l’offensive de certains membres et non du moindre du camp présidentiel contre Guillaume Soro, secrétaire général de l’ex-rébellion des Forces Nouvelles (FN) et actuel Premier ministre, signataire depuis le 4 mars 2007 de l’Accord politique de Ouagadougou (APO).

Le premier ’’artificier’’, par excellence, du camp-Gbagbo Laurent est bien Charles Blé Goudé "ami" du chef de l’État, président du Congrès des jeunes panafricains et des patriotes (COJEP) et Directeur national de campagne adjoint chargé de la Jeunesse (DNCAJ) de La Majorité Présidentielle (LMP).

Depuis bientôt un mois, le leader des jeunes "patriotes" ne démord pas de ses coups gueules contre Guillaume Soro. Le dernier en date, remonte à la soirée du dimanche 4 avril, où Charles Blé Goudé invité de la 1ère chaîne de la télévision nationale (RTI) a posé une problématique :

"Si le Premier ministre ne peut pas désarmer les Forces Nouvelles qu’il nous (Camp présidentiel) le dise. Nous allons chercher une solution. (...) Est-ce parce qu’il ne veut pas le faire ou est-ce parce qu’il ne peut pas le faire ? Ce sont là des questions qu’il faut que nous analysions...", a-t-il martelé, ne cachant qu’il est "fatigué", d’attendre en vain un désarmement réel.

Si Guillaume Soro est incapable de désarmer ses hommes, alors le camp présidentiel a ajouté Blé Goudé, se verrait dans l’obligation d’en informer le facilitateur. Afin qu’ "ensemble" ils tirent les leçons d’une cohabitation qui aura duré trois ans, depuis l’avènement de l’APO.

Pour le ’’patriote’’ son ’’ami’’ récemment ’’contesté’’ par une frange de ses hommes peut être confronté à des "difficultés’’ ces derniers. Charles Blé Goudé veut pour preuve de la fronde contre le SG au sein des FN, une "cassette vidéo qui a circulé à Abidjan" dans laquelle des collaborateurs du leader de l’ex-rébellion affichaient leurs réticences contre Guillaume Soro.

Il y a deux semaines que Charles Blé Goudé ouvrait les hostilités. En tournée politique dans l’Ouest ivoirien, le jeune leader a demandé à son "ami" de se "gêner". Car, selon lui, les Ivoiriens ont donné, fait d’énormes sacrifices pour qu’enfin les FN mettent fin àla partition du pays en déposant les armes. "On en peut être Premier ministre à Abidjan et être chef d’Etat au Nord", criait-il sa colère, à l’idée Guillaume Soro est payé par l’Etat tout comme ses collaborateurs ministres et autre administratifs, au Sud. Le chef de file de la galaxie patriote est davantage amer devant "l’économie de guerre" que continue d’entretenir l’ex-rébellion, qu’il taxe de favoriser la fuite des produits industriels locaux vers les pays frontaliers.

Une médiation restée lettre morte...

devant la montée de l’adrénaline chez un Charles Blé Goudé pour qui les ex-rebelles "narguent" les Ivoiriens par "la contenance" qu’ils se donnent, le commandant Issiaka Ouattara, dit Wattao, chef d’état-major adjoint des Forces Armées des Forces Nouvelles (FAFN), lui-aussi "ami" de Blé Goudé est intervenu. "J’ai parlé avec mon ami", avait-il, donnant ainsi l’impression qu’il avait arrondi les angles avec le proche de Laurent Gbagbo. En effet, le Commandant Wattao a rencontré Blé Goudé à Yamoussoukro (Centre) dans un tête-à-tête, samedi 27 à l’hôtel Président de Yamoussoukro. Le huis clos avait été fortement médiatisé.

Apparemment, la ’’médiation’’ du Cdt Wattao n’a pas produit l’effet escompté au point que le ’’patriote’’ se réserve un plateau de la télévision nationale sur lequel il attaque de front l’ex-rébellion. Il n’y pas que lui, car LMP fait campagne sur l’alternative de trouver une autre personne capable de désarmer les FN.

Stéphane Kipré, Président de l’Union des Nouvelles Générations (UNG), genre du chef de l’Etat, et membre de LMP a lui aussi chargé ce week. "Si Soro ne peut pas désarmer ses hommes, cherchons un autre ailleurs", a-t-il enfoncé le clou.

Un autre proche de Blé Goud dans l’Alliance des Jeunes Patriotes pour le Sursaut National, Iddriss Ouattara, président des Parlement et Agoras (espaces publics de libres échanges au Sud) embouche la même trompette du désaveu. En meeting, dimanche, à Korhogo, une ville du Nord, dans la zone que contrôlent les FN, Idriss Ouattara a répété mot pour mot, presque, les récriminations de Blé Goudé.

Pour rappel, quand a éclaté en janvier la crise de confiance autour de la liste électorale, il s’en est trouvé des proches de Laurent Gbagbo qui clairement demandé la "démission" du Premier ministre. Ils lui reprochaient de ne pas être conséquent dans la gestion de l’affaire de la fraude présumée sur 429.030 traités "frauduleusement et unilatéralement" par l’ex-président Robert Beugré Mambé de la Commission Electorale Indépendante (CEI).

Face à cette décharge de colère, c’est un Guillaume Soro serein qui rétorque, péremptoire, "je n’ai pas signé d’accord avec les proches de Laurent Gbagbo". C’est dans la parution du mois de Jeune Afrique qu’il le dit. Et le Premier de rappeler que le président "n’a jamais fait du désarmement un préalable". Or, c’est ce chapitre qui est la pomme de discorde...

Afriscoop

 

Publié dans Afrique

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