« L’avenir politique du Mouvement citoyen est lié au succès du PDES », Hamed Diane Semega, président du Mouvement citoyen

Publié le par Oussouf DIAGOLA

Hamed-Diane-Semega.pngAprès la présentation du projet de réformes constitutionnelles le lundi dernier, l’heure aux commentaires et interprétations. Plus qu’un commentaire superficiel, le président du Mouvement citoyen, fait sa lecture du nouveau texte.  Dans un entretien à bâtons rompus, Hamed Diané Séméga estime qu’il s’agit d’un projet structurant qui redessinera l’avenir politique du pays. Il note au passage que son mouvement, dont la survie politique est tributaire du succès du Programme de développement économique et social (PDES) du président de la République, va entamer une campagne de sensibilisation dans ce sens. Interview.

L’Indicateur du Renouveau : En tant que président du Mouvement citoyen, quels sont vos sentiments après la présentation du projet de réformes constitutionnelles par le président de la République ?

Hamed Diané Séméga : J’ai un sentiment de grande satisfaction de voir qu’après avoir transformé le Mali physiquement, le président s’est engagé à transformer le pays sur le plan institutionnel. Les infrastructures durent le temps qu’elles durent, mais les réformes telles que celles qui sont envisagées sont des réformes qui, par la qualité des changements qu’elles impliquent, sont de nature à transformer la société. Et la transformation a des répercutions très longues. C’est pourquoi, je me réjouis de ça, en ma qualité de président du Mouvement.  « Le Mali qui gagne », c’est un slogan, mais il trouve sa répercussion dans la réalité concrète de notre pays. C’est ce que je dis, l’infrastructure transforme notre pays, le changement des institutions pour qu’elles soient plus adaptées à la réalité du jour, impulseront une nouvelle dynamique de cohésion politique. Cela va créer un effet levier sur tous les autres secteurs de la vie (économique, social, etc.). C’est pourquoi, nous sommes très satisfaits.

Cela dit, nous avons aussi conscience que c’est maintenant que commence le travail : nous sommes au début d’un processus, le président après s’être posé des questions, après avoir réfléchi, a ouvert le débat et interrogé toutes les parties prenantes. En le faisant, il a responsabilisé un cadre de notre pays qui a eu, avec une équipe d’hommes et de femmes compétents, à conduire un travail de qualité. Rien qu’à lire ce rapport, on se rend compte que notre pays a encore des intellectuels de qualité. Ici, aucun compromis n’a été fait avec le mensonge. Tout ce qui a été fait, l’a été sous le sceau de la transparence, de la clarté pour que chaque Malien et chaque Malienne, chaque responsable politique, chaque leader d’opinion puisse s’exprimer sur nos institutions pour pouvoir apporter sa contribution à leur amélioration.

Quand on a écouté Daba à la présentation de ce rapport établi par le Cari (Comité d’appui aux réformes institutionnelles) on peut dire ouf : nous avons encore du ressort. Comme je l’ai dit, c’est maintenant que le travail commence véritablement. Il s’agit du travail de sensibilisation, d’explication. Les réformes du monde ne seront jamais utiles si elles ne sont pas comprises par ceux-là pour lesquels elles sont envisagées. C’est pourquoi, en tant que Mouvement citoyen, mouvement de relais et d’amplification des actions du président, convaincus du bien-fondé de cette réforme, nous allons d’ores et déjà commencer le travail. Nous devons mobiliser tous les Maliens, toutes les Maliennes, discuter avec eux (ou elles), expliquer l’essence des réformes, l’amélioration substantielle qu’elles vont impliquer pour le pays.

L’ancrage démocratique affirmé, l’exemplarité de notre démocratie réaffirmée à la face du monde, il faudra que nous puissions être porteurs de cette dynamique. La tâche ne sera pas facile, le temps est compté (la date fixée par le chef de l’Etat est le dernier trimestre de l’année), mais, nous nous disons qu’à cœur vaillant rien d’impossible, surtout qu’il y avait une véritable attente. Quand on écoute la classe politique, toutes tendances confondues, il y a un ouf de soulagement, il y a surtout un désir réel de participation à l’amélioration de notre architecture institutionnelle. C’est pourquoi, malgré le temps limité, chacun a mis du sien dans le bon sens du terme pour que ces réformes voulues par le président de la République, souhaitée par toute la classe politique, puissent être menées à bon port et dans les meilleurs délais pour que le pays, en améliorant son système institutionnel, puisse en tirer tout le bénéfice.

 

L’Indicateur du Renouveau : Ne faudrait-il pas une campagne pour accompagner ce processus ?      

 Hamed Diané Séméga : Il faut que nous nous imprégnions du texte nous-mêmes. C’est vrai que depuis un certain temps, nous en connaissons les grandes lignes comme tout le monde. Vous savez, nous vivons au Mali, nous n’avons pas été sensibles au débat qui s’était instauré et qui, aujourd’hui, ont eu une clarification très nette : il y a eu une fois la réaffirmation de ce qui constitue la vision du président : un Mali solidement enraciné dans ses valeurs traditionnelles de dialogue, d’écoute, de respect de l’autre, un Mali orienté vers le progrès. Quand on regarde ce texte de refondation, ce qu’on a en tête c’est : « changer pour améliorer », améliorer dans la durée pour créer les conditions qui puissent soutenir le développement de notre pays, affermir le pays : en consolidant la démocratie. C’est vraiment en substance ce qui est contenu dans ce projet de réformes institutionnelles.

Maintenant que nous disposons du texte, maintenant qu’on a une première explication de ce texte, au niveau du Mouvement citoyen, nous allons, dès la semaine prochaine (Ndlr : l’interview a été réalisée jeudi 22 avril 2010), organiser un séminaire pour les membres du CENA et le comité d’orientation avec l’expertise (nous l’espérons) des membres du Cari au cours duquel nous nous ferons expliquer davantage les textes. Nous en comprenons déjà la portée historique en cette année du cinquantenaire. C’est un nouveau départ pour notre pays qui n’aurait pas de sens si, sur le plan institutionnel, il n’y avait pas une ouverture vers le progrès. Comme je l’ai dit, c’est ce que ce texte-là porte certainement. Nous allons faire un séminaire, nous faire expliquer les réformes dans leurs grandes lignes et ce qu’elles vont induire en termes de changements réels, visibles et perceptibles et outiller nos amis. Nous allons à ce moment-là décliner un plan d’action, la meilleure approche de sensibilisation de nos militants ; au-delà de nos militants, partout où cela est possible dans le cadre de la promotion du Programme de développement économique et social (PDES). Et par la même occasion, porter ce message partout au Mali en ville et en campagne, car nous estimons que ce texte-là en lui-même a tous les éléments pour emporter un processus dynamique de toutes les parties parce que fondamentalement chacun s’y retrouve.

Le président, fidèle à son image d’homme de dialogue qui est à l’écoute du Mali et qui connaît le Mali, n’a épargné aucun secteur dans cette réflexion. Le Comité Daba Diawara a véritablement nourri cette réflexion-là en mettant une lumière très claire sur toutes les interrogations posées à la classe politique, posées aux leaders d’opinion par les voyages d’études. Donc aujourd’hui, nous nous devons d’être à l’avant-garde de ce combat d’idée pour faire comprendre, pour encore convaincre des sceptiques (s’il y a en). Vous savez toute œuvre humaine est ce qu’elle est, il y a sans doute des gens qui ne se retrouveront pas, peut être ils n’auront pas compris le sens et la portée de ce texte. Il nous appartient nous d’être à l’écoute des gens, d’être indulgents et de comprendre que c’est de l’avenir de notre pays dont il s’agit.

On ne peut pas parler d’avenir politique de notre pays en faisant fi des réalités quotidiennes que nous vivons, des difficultés qui ont été engendrées par l’application de la Constitution de 1992 qui a rendu des bons et loyaux services. Mais aujourd’hui, il ne faut pas tourner la page. Il faut, en s’inspirant des grands principes qui restent les mêmes au niveau de la Constitution de 1992, créer les conditions par lesquelles un nouveau texte constitutionnel largement amélioré peut encadrer le développement économique, politique et garantir la stabilité de notre pays et raffermir la paix sociale, faire de la volonté du président une réalité : « Un Mali qui gagne dans une Afrique unie ».

 

L’Indicateur du Renouveau : On a eu l’impression qu’avec cette nouvelle donne le Mouvement citoyen allait se décourager. Le Mouvement citoyen va-t-il changer de rôle ?

 Hamed Diané Séméga : Notre rôle ? Nous n’avons jamais fait mystère de notre volonté de le remplir. Notre rôle, c’est de faire la promotion de la vision du président. Je pense que même pour les plus sceptiques, mêmes les détracteurs de cette vision, force est de constater que les résultats sont visibles et tangibles : notre pays change, se transforme malgré les difficultés. Pourquoi notre pays se transforme, pourquoi il gagne ? Aujourd’hui, ce n’est pas qu’un slogan, c’est parce qu’un homme est à la tête du Mali qui a pu faire tout pour que ce pays marche. Il nous appartient d’être au cœur du combat. La politique, c’est aussi l’expression des ambitions des hommes et des femmes qui animent les différentes organisations politiques, qu’elles soient des mouvements associatifs comme le nôtre ou des partis politiques. Je peux vous garantir une chose : nous n’avons jamais fait de la question du mandat du président une question essentielle pour affirmer notre détermination à soutenir son action.

Pour nous ce qui est important, c’est la cohérence dans ce que nous faisons. Nous avons été cohérents depuis 2002, pour beaucoup bien avant. Parce que nous avons créé des associations et d’autres que nous avons fondus dans un même moule à partir de 2003. Nous avons toujours une idée très claire : ATT, nous l’avons appelé à se présenter, nous l’avons soutenu, nous devons continuer à le soutenir. Nous étions convaincus hier que sa vision était la meilleure pour changer le Mali. Nous l’avons vu à l’œuvre, la preuve a été donnée « n » fois que c’était la bonne vision. Pour nous, c’est cela aujourd’hui la vérité. Comme vous le savez, les vicissitudes de la vie politique sont ce qu’elles sont. Mais nous refusons de nous laisser entraîner dans un débat qui n’est pas productif à notre sens, qui parle d’un troisième mandat, un quatrième mandat… excusez-moi d’ironiser de cette façon.

Il a peut être de l’importance pour certains, mais pour nous cette question n’a pas d’intérêt. Ce qui est important, c’est le combat que mène le président de la République pour changer notre pays. Rien ne peut nous distraire lorsque nous sommes confrontés à la dure réalité de tous les jours. Quand nous nous mettons dans les petits calculs politiciens, ce que nous allons faire pour assurer un troisième mandat au président ATT comme certains nous prête l’ambition, c’est à ce moment-là que nous aurons trahi la vision du président. Pour l’heure, le président est à mi-mandat, nous ne sommes pas encore en 2012. Nous sommes convaincus que nous ne devons pas être distraits par ce débat.

Nous sommes convaincus que le travail pratique accompli sur le terrain que le gouvernement mène, sous l’impulsion du président de la République, est connu des Maliens. Il nous appartient de le valoriser politiquement pour le président. Quand on est porteur de l’espoir de plus d’un, quand on a matérialisé cet espoir par tout ce qui a été fait jusqu’ici, on peut prêter le flanc à toutes sortes de critiques. Mais il ne faut pas perdre de vue ce que vous devrez faire. Notre objectif, je parle de l’action du président, c’est de rester unis, plus que jamais convaincus que les choix opérés sont les choix justes parce qu’on en voit les résultats. Il faut qu’on continue dans cette dynamique jusqu’en 2012. Avant 2012, après 2012 ? Ce sont des interrogations intéressantes qu’on peut se poser. Mais nous, nous fonctionnons dans une dynamique qui ne va nullement être freinée par ce débat que certains veulent coûte que coûte nous imposer. Nous travaillons pour faire en sorte que la volonté politique exprimée par le président, qui est partagée par plusieurs acteurs, puisse s’exprimer au moyen des actions concrètes qui sont portées par le Mouvement citoyen dans le cadre de sensibilisation de ses militants et de l’ensemble des citoyens du Mali.

 L’Indicateur du Renouveau : Qu’est ce que le Mouvement est en train faire pour préparer le Mali de demain ?

Hamed Diané Séméga : Nous nous projetons dans le futur à travers ce que le président a fait. Donc, nous n’avons pas de problème. La question de la gestion du pouvoir ne s’explique que par rapport à ce que nous faisons aujourd’hui : mettre nos militants en rang serré pour que les combats du moment qui sont des combats difficiles (conjonctures nationales et internationales obligent) ne soient pas brouillés par d’autres considérations. Pour l’instant, le combat important (la sensibilisation, la bataille des idées pour que ce texte conçu pour améliorer la vie institutionnelle du pays soit reconnu par tout le monde) est notre préoccupation.

L’avenir politique du Mouvement citoyen est fortement fonction du PDES. Le PDES, pour rappeler, est le travail au quotidien qui va façonner le visage du Mouvement citoyen. Je peux vous donner la garantie que le Mouvement citoyen existera après 2012 et bien longtemps après. Parce que le Mouvement, comme je l’ai dit, est porteur de la vision du président. Et la vision du président est une vision structurante du Mali : la paix, l’unité dans le progrès pour notre pays. Ce sont des notions qui vont aussi subsister même après 2012 et qui devraient nécessairement être portées par un courant d’idées organisé par un mouvement ou un parti politique. Le plus important, pour nous, c’est de nous attaquer à ces chantiers qui sont nombreux. Nous allons inviter et convaincre nos concitoyens à s’inscrire dans cette vision pour qu’à la fin de l’année, ce référendum soit plébiscité.

 L’Indicateur du Renouveau : Votre mot de la fin ?

 Hamed Diané Séméga : Mon dernier mot, c’est mon premier mot. C’est que cette réforme voulue par le président de la République, souhaitée par notre classe politique marque un nouveau départ pour le Mali sur le plan institutionnel, marque un véritable nouveau départ de la politique au Mali. Une politique de plus de progrès, de plus de démocratie, de modernisation de nos institutions à travers l’amélioration des textes de 1992. C’est un véritable sentiment de fierté pour moi du fait que ce texte vient du président de la République afin de renforcer la conviction, qui a toujours été la sienne, que ce qui compte, c’est le Mali. ATT a la passion du Mali, il fait en sorte que malgré nos petites différences, malgré nos divergences qu’une chose nous unisse : le Mali. Que chaque Malien et chaque Malienne donnent les meilleurs d’eux-mêmes pour le Mali. C’est ça le patriotisme. Et c’est ce que le président a toujours démontré. Ce texte-là (le projet de réforme institutionnelle) va faire avancer la cause du Mali. Pour cela, chaque citoyen doit se dire que c’est mon combat personnel. Il doit faire en sorte que le jour du référendum, le texte soit plébiscité. Nous n’en sommes pas encore là. Le texte n’a même pas été présenté à l’Assemblée nationale, mais je suis convaincu que les députés vont lui accorder beaucoup d’intérêt et l’adopter.

Propos recueillis par Markatié Daou/ L’indicateur du Renouveau

Publié dans Mali

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