Déclaration des Mouvements panafricanistes et progressistes en Allemagne sur le cinquantenaire des indépendances africaines

Publié le par Oussouf DIAGOLA

Jacques Toubon, intronisé par le président français Nicolas Sarkozy comme Secrétaire général du cinquantenaire des indépendances africaines invite les présidents des 14 pays africains (ex-colonies françaises) à la célébration des 50 ans d´indépendance fin mai à Nice en France.

Le 14 juillet sera par ailleurs l’occasion de voir défiler sur les Champs-Elysées, des contingents issus des anciennes colonies françaises. Ceci est une réaction des différents mouvements panafricanistes et de la diaspora burkinabè à ce sujet. 14 sous-préfets de la France à la tête des pays les plus pauvres et les plus corrompus de la planète (Burkina, Mali, Sénégal, Congo RDC, Cameroun, Madagascar, Niger, République centrafricaine, Gabon, Mauritanie, Bénin, Togo et Tchad), se bousculeront pour être auprès de leur maître Sarkozy, qui leur rappelait, il y a trois ans à Dakar, qu’ils n’étaient pas "entrés dans l’histoire" pour fêter leurs "indépendances." Certes, que nos chefs d’Etats aillent recevoir des ordres de l´Elysée est une longue tradition qui n’est pas prête à disparaître tant que nos leaders seront choisis et protégés, par la France mais, il est vraiment honteux pour ces dirigeants sans fierté de brader ainsi l’héritage de nos pères, qui ont lutté et perdu leur vies pour acquérir ces indépendances.

Même s’il est vrai que les marionnettes actuelles ne profitent que des fruits de la lutte des véritables panafricanistes tels que Kwamé Nkrumah, Sékou Touré, Patrice Lumumba, Moumié, Cabral, Thomas Sankara etc., ils doivent au moins respecter leur peuple et avoir le courage de dire non à cette mascarade nauséabonde. Les commémorations des 50 ans d´indépendance ont déjà commencé dans certains pays africains comme le Sénégal, et Sarkozy n’y était pas et ne le sera ni au Burkina Faso, ni au Togo, ni dans aucun pays africain. Pourtant, nos valets de présidents sont très heureux de savoir que leur nom figure sur le carnet d’audience du président (néo) colonisateur, alors, ils se bousculeront pour prendre des photos avec celui qui exige qu’on enseigne “les aspects positifs de la colonisation” dans les écoles françaises, confortant ainsi ce rapport colonisateur-colonisé du 21e siècle qui se fait toujours voir quand il s’agit d’une visite officielle d’un président français ou européen dans les pays africains : les populations sont mobilisées malgré elles, des voies sont interdites aux usagers habituels, des écoles et des universités sont fermées, sans oublier le coût économique que le pays doit supporter après des journées déclarées chômées et payées à cette fameuse occasion. Par contre, nos chefs d’Etat ne sont reçus que par des subalternes. D’ailleurs, le fait pour le chef d’Etat français de ne pas venir commémorer les indépendances en Afrique et attendre que ses homologues fassent le déplacement à Paris signifie une chose : l’Afrique n’a que des obligations envers la France, alors de quelles indépendances parle-t-on ?

Que vont-ils fêter ?

Après 50 années de prétendue indépendance et malgré les différentes potentialités que l’Afrique possède qui fait d’elle « normalement » le continent le plus riche au monde, nos enfants meurent de faim et de malnutrition. Une minorité de la population africaine a accès à l’eau potable, des jeunes meurent en mer en fuyant les guerres et la misère pour une Europe qui leur est de plus en plus hostile. Les enfants, femmes et hommes meurent de toutes sortes de maladies, faute de prévention et d’un système de santé fiable. Les systèmes éducatifs et monétaires sont sous emprise coloniale . Nous rappelons à nos dirigeants que l’indépendance politique ne fonctionnera jamais sans la souveraineté monétaire. Le franc CFA qui lie la France à nos pays est une monnaie coloniale qui, à travers des accords flous avec la Banque de France dessert les Africains au lieu de les servir. Plus de 60% du PIB des pays de la zone Franc sont versés dans un compte en France appelé compte d’opération censé garantir la stabilité du F CFA. Cela n’est rien d’autre qu’une fuite de capitaux.

A quoi sert-il de faire défiler cette fois-ci les armées africaines à Paris lorsqu’on sait que bien qu’elles se soient battues pour libérer l’Europe du nazisme, De Gaulle les a écartées du défilé des vainqueurs, estimant que ce devoir revenait aux seuls Français et en guise de remerciement, les a fait massacrer à Thiaroye. Ces pays francophones n’ont pas été les seuls à se libérer du joug colonial, ça été le cas pour le Vietnam, l’Algérie, le Maroc etc. Mais il ne viendra jamais à l’idée des Français d’inviter ces Etats à une commémoration à Paris.

Nous rappelons à ces dirigeants que la commémoration du prétendu cinquantenaire des indépendances doit être un cadre de réflexion et doit s’inscrire dans les perspectives de la renaissance africaine, et bien sûr l’exigence d’excuses et de réparations pour l’Afrique et non une occasion pour initier des fêtes grandioses et gaspiller les deniers publics. Nous, mouvements panafricanistes et progressistes, la diaspora burkinabè en Allemagne, appelons les 14 chefs d’Etats africains concernés à plus de responsabilité, de conscience et à œuvrer pour une vraie autonomie de nos pays. Nous leurs demandons de décliner cette commémoration comme l’a fait courageusement le président ivoirien Laurent Gbagbo. Nous pensons que c’est enfin l’occasion donnée à nos députés, eux qui sont grassement payés à ne rien faire ou à cautionner les tripatoullages de Constitutions, d’entrer dans l’histoire par la grande porte en empêchant ce pèlerinage aussi inutile qu’humiliant que feront nos chefs d’Etats.

Pour terminer, nous lançons un appel à la jeunesse, aux intellectuels, aux dignes fils du continent à s’investir pour la libération totale du continent et pour la renaissance africaine. Cette renaissance a un prix que personne ne payera à notre place.

Allemagne, le 20 mai 2010

Ont signé :

- AK Panafrikanismus Halle (Groupe de travail panafricaniste de Halle) ;
- AK Panafrikanismus München (Groupe de travail panafricaniste de Munich) www.panafrikanisforum.net ;
- La diaspora burkinabè en Allemagne.

Publié dans Diaspora

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