Côte d'ivoire : L'escalade militaire fait fuir les civils

Publié le par Oussouf DIAGOLA

http://medias.lepost.fr/ill/2010/12/23/h-4-2350056-1293112884.jpgDepuis mi-février, les FN, qui tiennent le nord du pays depuis 2002, ont pris quatre localités dans l'ouest. Les affrontements se poursuivent aussi Abidjan.

Tirs à l'arme lourde à Yopougon

Des tirs à l'arme lourde ont retenti lundi matin à Abidjan dans le quartier de Yopougon près de la résidence privée du général Philippe Mangou, chef d'état-major des forces armées fidèles au président ivoirien sortant Laurent Gbagbo.

C'est la première fois que des tirs d'armes lourdes sont rapportés dans ce fief du chef de l'Etat sortant depuis le début de la crise qui menace de faire basculer la Côte d'Ivoire dans la guerre civile.

Commission d'enquête sur les droits de l'Homme?
Le Conseil des droits de l'homme de l'ONU examine ce lundi un rapport sur la situation en Côte d'Ivoire, qui appelle notamment à la mise sur pied d'une commission d'enquête internationale sur les violations des droits de l'homme dans ce pays. Le rapport de la haut commissaire aux droits de l'homme, Navi Pillay, conclut "à une détérioration drastique de la situation" depuis les élections de novembre l'an dernier.
Les agences humanitaires de l'ONU déplorent pour leur part que le conflit dans le pays soit "oublié" alors même que près de 500.000 personnes ont dû quitter leur domicile pour fuir les violences. Avancée des FN dans l'ouest

La veille, les forces alliées à Alassane Ouattara, reconnu président ivoirien par la communauté internationale, ont pris une quatrième localité de l'ouest du pays aux forces fidèles au chef d'Etat sortant Laurent Gbagbo.

A l'issue de combats, les "rebelles" des Forces nouvelles (FN) "ont pris la ville de Doké, entre Toulépleu et Bloléquin", a affirmé à l'AFP un milicien pro-Gbagbo, joint par téléphone depuis Abidjan dimanche.

Depuis mi-février, les FN, qui tiennent le nord du pays depuis 2002, ont ainsi pris quatre localités dans l'ouest, leur prise majeure ayant été la ville de Toulépleu, tombée le 6 mars après des combats contre les Forces de défense et de sécurité (FDS) fidèles à Laurent Gbagbo et les miliciens qui les appuient.

San Pedro en ligne de mire

L'objectif des forces pro-Ouattara est de prendre la ville de Bloléquin, à une dizaine de kilomètres de Doké, qui leur ouvrirait un accès au centre-ouest et au port de San Pedro (sud-ouest), le plus grand port d'exportation de cacao au monde.

"Nous nous préparons avec les FDS à défendre Bloléquin parce qu'après Bloléquin ils comptent aller jusqu'à Guiglo et Duékoué", deux villes stratégiques de la région, a déclaré un milicien pro-Gbagbo, décrivant les combattants FN comme "bien équipés", dotés "de lance-roquettes, de mitrailleuses".

L'ouest du pays est traversé par l'ancienne ligne de front, qui sépare le nord FN du sud contrôlé par le camp Gbagbo.

Poursuite des affrontements à Abobo

La reprise des combats dans la région la plus instable du pays intervient au moment où Abidjan est elle-même le théâtre d'affrontements armés entre insurgés pro-Ouattara et FDS, dans le quartier d'Abobo (nord), bastion du rival de Laurent Gbagbo.

Les FDS ont conduit samedi une offensive à Abobo, qui s'est soldée par la mort d'une dizaine de personnes mais ne semblait pas pour l'heure avoir fait bouger les lignes sur le terrain. Quartier le plus peuplé d'Abidjan avec quelque 1,5 million d'habitants, Abobo est devenu l'épicentre de la crise post-électorale, qui a fait près de 400 morts dans le pays selon l'ONU.

Loin des caméras, Alassane Ouattara a effectué pendant ce temps un retour discret au Golf hôtel d'Abidjan. Dans un communiqué, ses services ont confirmé ce retour "après un bref séjour à l'étranger, qui l'a conduit successivement à Addis Abeba, en Ethiopie, du 9 au 11 mars 2011, et à Abuja au Nigeria du 11 au 12 mars 2011".

L'Union africaine réitère son soutien à Ouattara

Alassane Ouattara a exprimé "ses sincères remerciements à l'Union africaine, au Conseil de paix et de sécurité, au Haut panel des chefs d'Etat, ainsi qu'à la Cedeao (Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest), pour leurs efforts inlassables en vue du triomphe de la démocratie en Côte d'Ivoire".

Un panel de cinq chefs d'Etat africains avait confirmé le 11 mars, que l'UA considérait Alassane Ouattara comme le président élu de Côte d'Ivoire, après le scrutin du 28 novembre, et a demandé à la Cour constitutionnelle ivoirienne d'organiser son investiture. Le panel a en outre demandé à Alassane Ouattara de "faire preuve d'ouverture dans la formation de (son) gouvernement" et de "trouver une sortie honorable à monsieur Laurent Gbagbo".

Une nouvelle réunion du CPS est prévu le 24 mars à Abuja. Cette réunion permettra de faire le point sur la mise en oeuvre des décisions du panel l'UA sur la Côte d'Ivoire, qui sont en théorie "contraignantes". Pour le moment, l'UA ne dit pas par quel moyen elle compte faire respecter des décisions pourtant censées être "contraignantes".

"L'UA est en train de laisser les Ivoiriens régler ça entre eux", estime une source diplomatique africaine à Abidjan. "Elle donne le feu vert à Ouattara et (à son Premier ministre, le chef de l'ex-rébellion) Guillaume Soro pour mettre en oeuvre sa décision par les moyens militaires", assure-t-elle, ajoutant: "ils n'ont d'ailleurs pas attendu l'UA".

Par LEXPRESS.fr avec AFP


Combats dans le quartier pro-Gbagbo de Yopougon à Abidjan

Des fusillades et des explosions ont retenti lundi à Abidjan dans le quartier de Yopougon, acquis au président sortant Laurent Gbagbo, tout près du domicile privé du chef d'état-major de l'armée, le général Philippe Mangou, ont rapporté des témoins et une source au sein des services de sécurité.
La télévision publique RTI a cependant affirmé que la résidence du général Mangou n'avait pas été attaquée.

Les tirs ont duré plusieurs heures devant la maison du général, a dit pour sa part une source proche des services de sécurité.

"Il y a des tirs dans beaucoup d'endroits et on voit de la fumée monter vers le ciel car des jeunes pro-Ouattara brûlent des pneus", a raconté un habitant de Yopougon, Lucien Sogena.

"En raison des fusillades, on a retiré tous les enfants de l'école", a dit Jules Atta, qui vit près de la place Sideci.

Le conflit post-électoral qui oppose Gbagbo à Alassane Ouattara, ancien Premier ministre considéré par la communauté internationale comme le vainqueur de la présidentielle du 28 novembre, menace de dégénérer en nouvelle guerre civile.

Les forces fidèles à Laurent Gbagbo ont annoncé samedi avoir lancé un assaut contre le quartier pro-Ouattara d'Abobo, dans le nord de la ville. Dimanche, des habitants de ce quartier ont affirmé que les combattants pro-Ouattara contrôlaient toujours la plus grande partie du secteur.

Les Nations unies évaluent à 200.000 le nombre d'habitants qui ont fui Abobo depuis quinze jours.

Dimanche, Pascal Affi N'Guessan, un proche de Laurent Gbagbo, a rejeté une proposition avancée vendredi à Addis-Abeba par un groupe de chefs d'Etat mandatés par l'Union africaine (UA) et consistant à former un gouvernement d'union nationale dirigé par Ouattara.

Laurent Gbagbo avait décliné l'invitation à se rendre dans la capitale éthiopienne pour défendre son dossier.

Prenant acte de l'échec de la médiation tentée par les chefs d'Etat, l'UA a finalement exigé qu'Alassane Ouattara soit installé dans ses fonctions de chef de l'Etat ivoirien.

Laurent Gbagbo, au pouvoir depuis 2000, refuse de céder son fauteuil présidentiel au motif que sa victoire au second tour de l'élection présidentielle a été validée par un Conseil constitutionnel qui lui était acquis.

Les Nations unies ont en revanche certifié la victoire de son rival, reconnue également par l'UA et la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest, ainsi que par les grandes puissances occidentales comme les Etats-Unis et la France, l'ancienne puissance coloniale.

 

Reuters

Publié dans Afrique

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