Attentat manqué à la grenade, vendredi 9 avril, contre le commissariat de police de Gao
Un forcené se fait tuer en tombant sur sa charge, blessant 6 civils et 2 policiers
Nous sommes vendredi 9 avril. Il est environ 18 h. Un individu enturbanné, s’est attaqué au Commissariat de police de Gao. Selon des témoins oculaires, que nous avons joints, hier, au téléphone, le criminel du jour portait sur lui trois grenades dont deux offensives et une défensive.
A en croire nos sources, de passage devant le Commissariat, il a, soudainement, jeté sa première grenade offensive dans la cour où chacun vaquait tranquillement à ses occupations. Heureusement, la grenade n’a pas explosé. L’alerte sonnée, il a pris la tangente. Et s’est dirigé vers le marché à toute allure.
Les policiers, avec les moyens du bord, l’ont poursuivi dans sa fuite. Une véritable chasse à l’homme commença au cœur du grand marché. Dans sa course désespérée, l’individu jeta sa deuxième et dernière grenade offensive. Peine perdue. Les braves policiers résistèrent et réussirent à le coincer. Désespéré, il a mis sa vie en jeu en dégoupillant l’unique grenade défensive qu’il portait sur lui.
Avant qu’elle n’explose, les policiers, très déterminés l’ont terrassé et il tomba sur l’arme fatale. Ce qui devrait arriver, arriva. Il fut littéralement déchiqueté au niveau de la mosquée située à l’opposé du " Marché Washington " et mourut sur le champ. Les déflagrations ont sérieusement atteint les membres inférieurs des deux braves et courageux agents de police qui le poursuivaient. " Le premier, qui était plus proche de lui, a été atteint au niveau de l’un de ses orteils. Alors que le second fut touché au gros orteil", précise notre source.
Qui ajoute que six passants (des civils) furent (légèrement) blessés par les éclats. Tous les blessés furent transportés d’urgence à l’hôpital régional de Gao. Aux dernières nouvelles, la vie des blessés n’est pas en danger. D’ailleurs, précise-t-on, l’un des policiers blessé est revenu à la maison le lendemain même de l’incident.
Le bilan aurait pu être lourd si l’action s’était déroulée pendant les heures de pointe. " Le marché était, pratiquement, vidé. Car, la plupart des boutiques étaient fermées. Il n’y avait que quelques personnes ", a souligné une source. Dans un communiqué lu, samedi soir, sur les antennes de l’ORTM, le ministère de la Protection civile et de la Sécurité intérieure a confirmé notre information et précisé que " l’individu en question ne portait aucune pièce d’identité" sur lui au moment des faits.
Quelques heures après l’incident, la nouvelle se propagea dans la cité des Askia. Et les commentaires allaient bon train. Selon certains, l’auteur du forfait était un malade mental. Faux, rétorquent d’autres qui estiment que son action était, bien, préméditée.
Comment un malade mental peut s’armer à un tel degré et réussir à accomplir une telle mission ignoble ? S’interroge-t-on. Une source bien informée révèle que le forcené était bien connu à Gao. Il serait un militaire radié pour vol et trafic d’armes. Selon cette source, il aurait préféré la mort à l’humiliation.
Pendant que certains assimilent l’incident à un acte terroriste, des sources policières écartent cette piste. Elles assimilent, plutôt, cette attaque, à une tentative d’intimidation des forces de l’ordre et de sécurité en général et de la police en particulier, qui mènent, actuellement, une lutte acharnée contre les trafiquants de drogue et les bandits de grand chemin.
Le seul bilan de la semaine dernière est évocateur : 12 trafiquants de drogue et 2 voleurs auraient été arrêtés.Dans tous les cas, la police a ouvert une enquête. Les prochains jours nous édifieront. Rappelons que courant 2008 et bien avant, on avait assisté dans la même ville à des jets de grenades offensives dans certaines familles.
A l’époque, on avait assimilé ces actions à des règlements de comptes personnels ou politiques . Rappelons aussi que, le 3 avril, un véhicule de l’armée malienne avait sauté sur une mine, dans la zone de Tinzawaten (près de la frontière algérienne). Plusieurs personnes avaient été grièvement blessées.
Soumaïla GUINDO/L’Indépendant