ATT démontre que la cagnotte issue de la vente de la Sotelma serait logée à Koulouba

Publié le par Oussouf DIAGOLA

Palais-de-Koulouba.jpgLes 180 milliards de F CFA, issus de la privatisation de la Société des télécommunications du Mali (Sotelma), sont gérés selon le bon vouloir du président de la République. L’orthodoxie financière et le Parlement ne sont plus rien dans ce pays. C’est la preuve qu’apporte ATT en affectant 10 milliards de F CFA aux communes. Ce faisant, il démontre que la mallette des 180 milliards se trouve à Koulouba et nulle part ailleurs. Le président de la République, Amadou Toumani Touré, a affirmé mardi, à l’ouverture de la 10e édition de la Journée des communes qui se tient présentement à Bamako au CICB, qu’il affecte 10 milliards de F CFA aux communes pour des projets de développement. Ces 10 milliards, a-t-il précisé, sont déduits des 180 milliards de F CFA issus des recettes de la privatisation à 51 % de la Sotelma. L’initiative du président de la République n’est pas mauvaise en soi, mais ATT commet une nouvelle faute, car il faut que la procédure de décaissement et d’affectation d’un fonds respecte l’orthodoxie budgétaire. Autrement dit, les 180 milliards de F CFA devaient être logés dans le budget 2010 ou bien dans un budget spécial d’investissement. Ce qui n’est manifestement pas le cas. Le citoyen moyen ne peut dire où sont logés les 180 milliards F CFA. Les députés avaient même menacé de rejeter la Loi de finances 2010 pour n’avoir pas vu dans le document l’inscription des 180 milliards. La nouvelle faute du président de la République découle du fait d’affecter une partie de ce fonds aux communes sans consulter le Parlement. Au cours de la session parlementaire d’octobre, consacrée au vote du budget 2010, le Parlement, par la voix du député Konimba Sidibé, avait interpellé le gouvernement sur l’utilisation des recettes de la privatisation de la Sotelma. En conclusion, les députés avaient recommandé que les fonds soient intégrés dans le budget d’Etat et que les députés aient leur mot à dire sur son utilisation. Mais, le président de la République ne l’entend pas de cette oreille puisqu’il a pris l’initiative "unilatérale" d’affecter une partie des recettes aux communes sans débats à l’Assemblée nationale. Le député Konimba Sidibé avait craint la gestion peu transparente et "personnelle" du pactole, il vient d’avoir raison. De plus, appliquée tel il l’a défini dans son discours, la gestion du fonds affecté aux communes ne manquera pas de soulever des vagues entre gouverneurs, conseils de cercle et de région. A en croire le président de la République, le fonds sera géré au niveau de chaque région par les gouverneurs, conseils de cercle et assemblées régionales. Et pour y accéder, les communes devront monter un projet crédible. ATT aurait dû consulter le Parlement. D’ailleurs, que représentent 10 milliards pour 703 communes ? Quelles sont les communes qui ont un besoin de financement indispensable ? Quels types de projets faudra-t-il financer ? Ha, populisme quand tu nous tiens !

Denis Koné/Les Echos (Bamako)

Publié dans Mali

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